L’évolution de la démarche logistique
Toute activité industrielle ou commerciale contient nécessairement des processus logistiques : enregistrer les commandes des clients, distribuer les produits finis, gérer des stocks, planifier la production, s’approvisionner chez les fournisseurs ; des ressources importantes y sont toujours consacrées. Et ce depuis qu’il y a des entreprises et même depuis qu’il y a des activités artisanales, industrielles ou commerciales, même si l’on ne parle pas de logistique.
L’origine du mot est militaire : la logistique des armées, c’est la mise en œuvre de l’ensemble des ressources matérielles pour soutenir les opérations.
Traditionnellement dans l’entreprise, les différentes phases du flux étaient cloisonnées avec :
- les achats qui traitaient des flux entrants,
- le service commercial des flux sortants,
- la production qui se centrait principalement sur ses contraintes propres et ses objectifs d’efficacité technique et de productivité.
Mais il manque dans une telle situation une vision propre à assurer une cohérence et une dynamique globales.
Dans les années 1980, beaucoup d’entreprises ont réuni dans un même service logistique toutes les fonctions qui traitent le flux : des approvisionnements à la distribution, en passant par la gestion de production et la planification des ressources clés.
Et en même temps s’est répandue rapidement la notion volontariste de « juste à temps » pour tendre ces flux et tout à la fois augmenter la qualité de service et réduire le stock, chose a priori paradoxale.
Cette évolution, très avancée dans certaines entreprises et certains secteurs, comme par exemple l’automobile, est encore tout juste en train de s’amorcer dans d’autres.
Les années 1990 voient une tendance à l’élargissement de ce concept de « logistique intégrée » vers une acception plus ouverte, le « Supply Chain Management », dans lequel c’est toute l’organisation de l’entreprise qui est pensée au travers du flux, au-delà de ses structures actuelles d’opérations (vente, distribution, production, achats, approvisionnement) pour permettre davantage de flexibilité.
Ces mutations sont pour une bonne part dues au contexte macro et micro-économique : celui-ci a fortement et continûment évolué dans les dernières décennies.
Le marché était jusqu’aux années 1970 principalement tiré par l’offre depuis l’après-guerre : les produits que l’industrie sortait de ses usines trouvaient preneurs sans grande difficulté.
Les années de crise, les chocs pétroliers ont fait apparaître que la croissance pouvait cesser d’être linéaire, avec une certaine saturation de la demande, puis une nouvelle concurrence, japonaise puis de divers pays émergents, tout cela forçant une nouvelle approche.
Cette dernière consiste principalement à porter une plus grande attention à des exigences renforcées des clients, qui attendent de moins en moins un produit seul et de plus en plus tout un service, c’est-à-dire avec :
- un mode particulier de livraison,
- de réapprovisionnement,
- de délai,
- de fiabilité,
- de sécurité d’approvisionnement,
- de transfert de données,
- d’après-vente.
La notion de chaîne logistique
La notion de chaîne logistique correspond à la globalité du flux des produits, en partant du premier des fournisseurs pour terminer au client ultime : le consommateur.
Cela intègre :
- Ce que certains nomment supply chain (chaîne de l’approvisionnement)
- Mais aussi la demand chain (flux d’information sur la demande), c’est-à-dire les besoins des clients exprimés ou prévisibles
Une chaîne large et ouverte
Cette chaîne est :
- Très large, car elle couvre l’ensemble du processus, du fournisseur initial au consommateur final
- Forcément ouverte, car :
- Les fournisseurs ont presque toujours des fournisseurs eux-mêmes
- Le flux peut s’étendre au-delà de l’acte de consommer, en intégrant le recyclage
Les chaînes internes à l’entreprise
Il faut aussi prendre en compte les chaînes locales, c’est-à-dire :
- Les relations internes entre les différents secteurs d’une même entreprise
- Chaque secteur étant client ou fournisseur d’un autre
